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longues, trop longues. Ils ne possédaient pas une fourrure semblable à la sienne, mais des poils très fins ; chez quelques-uns même, les poils étaient tellement ras qu’on eût dit qu’ils n’en avaient point. Et pas un d’entre eux ne savait combattre.

Étant donné son hostilité pour tous les représentants de sa race, il était fatal que Croc-Blanc entrât en lutte avec les nouveaux venus. Il n’y manqua pas et conçut immédiatement pour eux un profond mépris.

Ils étaient, de leur nature, ingénus et inoffensifs. En cas de combat, ils menaient grand bruit et s’agitaient autour de leur adversaire, demandant à leur force une victoire que donnent l’adresse et la ruse. Ils s’élançaient, en aboyant, sur Croc-Blanc, qui sautait de côté et qui, tandis qu’ils en étaient encore à se retourner, les happait à l’épaule, les retournait sur le dos et leur portait son coup à la gorge. Cela fait, Croc-Blanc se retirait à l’écart, livrant sa victime aux chiens indiens, qui se chargeaient de l’achever. Car c’était un sage. Il savait depuis longtemps que les dieux s’irritent lorsqu’on tue leurs chiens, et les dieux blancs ne faisaient pas exception à cette règle. Il se contentait donc de préparer la besogne. Puis, à l’abri lui-même, il regardait paisiblement pierres, bâtons, haches, et toutes sortes d’armes contondantes s’abattre sur ses compagnons. Croc-Blanc était un grand sage.

La vengeance des dieux outragés ne laissait pas, parfois, d’être terrible. L’un d’eux ayant vu son chien, un setter[1], mis en pièces sous ses yeux,

  1. Chien d’arrêt. (Note des Traducteurs.)