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les arbres. Les bruits du campement ne tardèrent pas à frapper ses oreilles et bientôt il vit la lueur du feu, Kloo-Kooch en train de faire la cuisine, et Castor-Gris accroupi, qui mordait dans un gros morceau de suif cru. Il y avait de la viande fraîche dans le camp !

Le louveteau s’attendait à être battu. Il se tapit par terre, à cette pensée, et ses poils se hérissèrent légèrement. Mais il avança quand même. Il craignait et détestait le châtiment qu’il savait lui être réservé, mais il savait aussi que le confort du feu l’attendait, et la protection des dieux, et la société des chiens, société d’ennemis sans doute, société cependant, qui était ce à quoi surtout il aspirait.

Il s’avança donc, contracté sur lui-même, faisant des courbettes et se traînant sur son ventre, jusqu’à la lumière du foyer.

Castor-Gris l’aperçut et s’arrêta de mâcher son suif. Croc-Blanc rampa droit vers lui, la tête basse, dans toute l’abjection de sa honte et de sa soumission. Chaque pouce de terrain que gagnait son ventre se faisait plus lent et plus pénible. Finalement, il se coucha aux pieds du maître, en la possession duquel il s’abandonnait, corps et âme. De sa propre volonté, il était venu s’asseoir, livrer sa liberté.

Le louveteau tremblait, en attendant le châtiment qui allait immanquablement tomber sur lui. Il y eut, au-dessus de sa tête, un mouvement de la main de Castor-Gris. Il se courba, d’un geste instinctif. Le coup ne s’abattit pas. Alors il se risqua à lever son regard. Castor-Gris séparait en