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ton qu’il avait eu déjà l’occasion de recevoir étaient des caresses, comparés aux coups présents. Il se soumit et commença à pleurer et à gémir. Durant un moment, chaque coup tirait une plainte de son gosier. Puis son affolement grandit, et ses cris se succédèrent sans interruption, leur rythme ne gardant plus aucun rapport avec celui de son châtiment.

À la fin, l’Indien arrêta la main qui frappait. Le louveteau pendait à son autre main, sans mouvement, et continuait à crier. Ceci parut satisfaire Castor-Gris, qui jeta rudement Croc-Blanc au fond du canot. Le canot, durant ce temps, s’en était allé au fil de l’eau. Castor-Gris s’avança pour prendre la rame. Le louveteau était sur son passage. Il le frappa barbarement de son pied. La libre nature de Croc-Blanc eut une nouvelle révolte et il enfonça ses dents dans le pied de l’homme, à travers le mocassin qui le chaussait.

Le châtiment déjà reçu n’était rien, comparé à celui qui allait suivre. La colère de Castor-Gris fut aussi terrible que fut grand l’effroi du louveteau. Non seulement la main, mais aussi la dure rame de bois, furent mises en œuvre contre lui, et tout son petit corps était brisé et rompu, quand Castor-Gris le rejeta au fond du canot. Et, cette fois, de propos délibéré, il recommença à le frapper du pied.

Croc-Blanc ne renouvela pas son attaque. Il venait d’apprendre une autre leçon de son esclavage. Jamais, quelle que soit la circonstance, on ne doit mordre le dieu qui est votre seigneur et maître. Son corps est sacré et le toucher des dents