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ciente classification. Il y avait des choses vivantes et des choses non vivantes. Des premières il convenait de se garder. Les secondes demeuraient toujours à la même place, tandis que les autres allaient et venaient, et l’on ignorait ce que l’on en pouvait attendre. À cet inattendu il convenait d’être prêt.

Il cheminait avec maladresse. Une branche, dont il avait mal calculé la distance, lui heurtait l’œil, l’instant d’après, ou lui raclait les côtes. Le sol inégal le faisait choir en avant ou en arrière ; il se cognait la tête ou se tordait la patte. C’étaient ensuite les cailloux et les pierrailles, qui basculaient sous lui, quand il marchait dessus, et il en conclut que les choses non vivantes n’ont pas toutes la même fixité que les parois de sa caverne, puis encore que les menus objets sont moins stables que les gros. Mais chacune de ces mésaventures continuait son éducation. Il s’ajustait mieux, à chaque pas, au monde ambiant.

C’était la joie d’un début. Né pour être un chasseur de viande (quoiqu’il l’ignorât), il tomba à l’improviste sur de la viande, dès son premier pas dans l’univers. Une chance imprévue, issue d’un pas de clerc de sa part, le mit en présence d’un nid de ptarmigans, pourtant admirablement caché, et le fit, à la lettre, choir dedans. Il s’était essayé à marcher sur un arbre déraciné, dont le tronc était couché sur le sol. L’écorce pourrie céda sous ses pas. Avec un jappement angoissé, il culbuta sur le revers de l’arbre et brisa dans sa chute les branches feuillues d’un petit buisson, au cœur duquel il se retrouva par terre, au beau