Page:London - Constuire un feu, nouvelles, trad Postif et Gruyer, 1977.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous avait values. Aussi l’avions-nous solidement attaché dans notre cabane, avant de quitter celle-ci et d’emmener notre bagage.

Après avoir navigué un jour durant, nous campâmes, la nuit venue, à l’embouchure de la Rivière Indienne, et nous nous félicitions, une fois de plus, d’avoir tiré notre révérence à ce maudit animal. J’étais juste assis sur les couvertures, lorsqu’une trombe s’abattit sur notre campement. À la façon dont elle fondit sur les autres chiens, nous nous doutâmes immédiatement de qui il s’agissait. C’était une marmelade à faire se dresser les cheveux.

Comment Spot s’était-il détaché ? Comment était-il sorti de la cabane ? Comment avait-il su, cette fois encore, quelle direction nous avions prise, et que nous avions remonté le Yukon, que nous aurions pu aussi bien descendre ? Nous avions voyagé par eau, vous le voyez, et il n’avait pu, par suite, flairer notre piste.

Stephen Mackaye et moi, nous commençâmes à nous inquiéter sérieusement de ce chien. Il y avait de la diablerie là-dedans. C’est tout juste si nous n’avions pas peur de lui.

La glace commençait à se prendre, quand nous arrivâmes à l’embouchure de l’Henderson Creek.

Nous le troquâmes contre deux sacs de farine, à des chercheurs de cuivre qui remontaient le cours de la Rivière Blanche. Qu’advint-il de ces gens ? Personne ne l’a su. Rien d’eux ne fut jamais retrouvé, ni un harnais, ni une peau ou un poil, d’homme ou de chien, ni un débris de traîneau. Cette disparition totale est encore un mystère dans la région.

Stephen et moi, nous continuâmes à remonter le Stewart.

Six semaines après, ce Spot rampait vers nous et notre campement. C’était un squelette ambulant, qui pouvait à peine se traîner. Et pourtant il parvint à son