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Bondell, transporté avec ses loques et sa saleté dans la cabine réservée aux nouveaux mariés, qui était la plus belle et la plus confortable du navire. Il y dormit d’affilée, deux fois le tour du cadran.

À son réveil, il prit un bain et, entièrement retapé, rasé de frais, il était accoudé au bastingage de l’Athénien, en train de fumer un cigare, lorsque les deux cents camarades qu’il avait laissés en arrière le rejoignirent et embarquèrent.

Lorsque l’Athénien fut arrivé à Seatjle, Fred Churchill, plus dispos que jamais, descendit à terre ; il portait à la main le sac de Louis Bondell. De ce fardeau il était justement fier. Il symbolisait pour lui la satisfaction du devoir accompli et de l’honnêteté prouvée. Et il se répétait à lui-même :

— Je livre ce qu’on m’a confié…

Le jour commençait à décroître et il se rendit sur-le-champ chez Bondell. Celui-ci l’accueillit avec effusion, lui serra les deux mains à la fois, et l’invita à entrer.

Fred Churchill, ayant donné le sac, Bondell le prit et le jeta, tel que, sur son lit.

— Ah ! merci, vieux ! dit-il. C’est bien aimable à toi de me l’avoir rapporté.

Et Churchill observa que, sous le poids dudit sac, les ressorts du lit avaient fléchi, puis rebondi. Il cligna de l’œil, d’un air entendu. Le précieux colis était lourd, et il en savait quelque chose.

Louis Bondell, cependant, le bombardait de questions :

— Que s’est-il passé, là-bas, depuis mon départ ? Comment vont les camarades ? Qu’est devenu Bill Smithers ? Bishop est-il toujours associé avec Pierce ? Mes chiens se sont-ils bien vendus ? A-t-on trouvé de