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debout sur le quai, qu’il aille de ma part chez Macdonald. J’ai laissé chez celui-ci un sac à main qui m’appartient. Fred prendra ce sac et me le rapportera, quand, à son tour, il reviendra chez nous. À travers le silence, le capitaine Scott beugla le message au porte-voix :

— Hé ! toi, là-bas, Fred Churchill ! Va chez Macdonald. Tu y trouveras un sac à main appartenant à Louis Bondell. À ton retour, tu le rapporteras à son propriétaire. N’oublie pas, surtout !

Fred Churchill, de la rive, fit signe que c’était compris. Le capitaine Scott abaissa son porte-voix, le tumulte des cris d’adieu recommença, tandis que l’hélice battait derechef l’eau du Yukon, et le Seattle No 4, après s’être dandiné quelques instants, se mit à filer sur le fleuve.

Bondell et Churchill, aussi longtemps qu’ils purent se voir, s’envoyèrent des signes réciproques de bonne chance et d’amitié.

Ce que nous venons de conter avait eu lieu durant l’été. L’automne venu, Fred Churchill, en compagnie de deux cents autres passagers rapatriés, s’embarqua sur le W.-H. Willis, qui remontait à son tour le Yukon.

Il avait embarqué avec lui dans sa cabine, et soigneusement dissimulé dans son paquet de vêtements, le petit sac de cuir qui appartenait à Louis Bondell.

Ce sac, bien fermé à clef, était fort lourd pour ses modestes dimensions. Il pesait dans les quarante livres. Fred Churchill ne doutait pas qu’il ne fût bourré de poudre d’or et, plein de cette idée, il devenait nerveux dès qu’il lui fallait s’éloigner.