Page:Lois de Manou, trad. Loiseleur-Deslongchamps, 1833.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être une des preuves à alléguer en faveur de l’antiquité du code de Manou ; ajoutons que, parmi les personnages historiques que l’on y trouve cités, aucun ne paraît appartenir à une époque postérieure au douzième siècle avant notre ère, et que le célèbre réformateur de la religion Brahmanique, Bouddha, qui, suivant l’opinion généralement adoptée, vivait environ mille ans avant Jésus-Christ, n’est pas mentionné une seule fois, ce dont on peut conclure que cette réforme n’avait pas encore eu lieu. Ce n’est donc pas établir une hypothèse dénuée de fondement que de faire remonter la rédaction du code de Manou au treizième siècle avant notre ère, comme l’a fait M. Chézy dans un article très intéressant inséré dans le Journal des Savans, en 1831.

La partie métaphysique de la cosmogonie, qui ouvre le premier Livre du code de Manou, a été expliquée par le célèbre commentateur Coulloûca-Bhatta, suivant des idées empruntées au système philosophique Sânkhya, et le savant Colebrooke, dans les préliminaires de son Mémoire sur ce système, sans entrer dans aucun détail, parait adopter l’opinion du scholiaste Indien. Il faut convenir toutefois que Coulloûca-Bhatta, pour ramener le texte de Manou à son interprétation, est forcé de le torturer singulièrement, et il serait sans doute possible d’expliquer la cosmogonie métaphysique de Manou d’une manière toute différente. Telle est l’opinion que M. Lassen a énoncée dans la préface de son édition de la Sânkhya-Câricâ, et qu’il se réserve de développer plus tard. La connaissance parfaite que M. Lassen possède de la langue sanscrite, les re-