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Car lorsque les Romains, au temps de leur splendeur, ont été convaincus d’impuissance contre les Germains, ce n’est pas leurs imitateurs, à dix-huit siècles de distance, qui pourront avantageusement lutter contre le même péril renaissant.

La tradition latine, depuis longtemps épuisée, ne sert à rien dans les sciences, où toutes les découvertes se font en dehors de sa donnée ; elle est inefficace en politique, avec la théorie des races latines, car il y a beau jour que le dernier romain est passé à l’état de souvenir historique, tandis que la raison d’état celtique rallie la majeure partie de l’Europe ; en morale, le, matérialisme romain étouffe toutes les hautes qualités animiques du Celte, telles que vocation, inspiration, spontanéité, élan, sensibilité : Au nom de notre salut, soyons donc Celtes, et comme l’éducation consiste en la connaissance des origines, étudions l’histoire, non des Romains, mais des Celtes.

Un mot maintenant sur les circonstances de la présente traduction. L’un des auteurs se trouvant de passage à Dublin, fut frappé par ce que l’on disait du Leabar Gabala et résolut de traduire l’ouvrage, sans savoir d’ailleurs un mot d’anglais ni d’irlandais : il se réservait d’apprendre ces langues au cours de la traduction. Il s’associa donc un collaborateur actif, très au courant de l’irlandais moderne, et tous deux se mirent au travail, l’un s’aidant de son érudition, l’autre, armé du dictionnaire incomplet d’O’Reilly. Ils terminèrent en cinq mois cette entreprise dont les difficultés sans nombre avaient fait reculer les savants O’Donovan et O’Curry. Depuis, un des collaborateurs est mort, l’autre, habitant Paris, n’a pas sous les yeux le texte irlandais[1], de sorte qu’on devra imputer à ce double empêchement quelques-unes des irrégularité de l’ouvrage. Cependant, la traduction est généralement exacte. Les passages les plus risqués sont six ou sept pièces de vers glosés, sur lesquelles on s’était réservé de revenir.

Celui qui écrit ces lignes doit un mot de souvenir à son malheureux collaborateur et ami. Les aptitudes spéciales de William O’Dwyer, pour la grammaire et la philologie celtiques, son érudi-

  1. Manuscrit de Cucoigry O’Curry, en la possession de l’Irisb royal academy de Dublin.