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par maison, et, plutôt que de se rendre, il brûlait !

Une lueur se lève sur Paris, mais sanglante et rougeâtre. Les Tuileries brûlent ! Puis le Palais-Royal, puis la Légion d’Honneur, puis le Conseil d’État, la Cour des Comptes. — De formidables détonations partent du palais des rois ! — Ce sont les barils de poudre qui éclatent, les murs qui s’écroulent, les vastes coupoles qui s’effondrent. Les flammes, tantôt longues et lentes, tantôt vives, comme des dards, sortent des mille croisées. La Seine est en feu, et de ses ponts qui apparaissent d’une blancheur éclatante, on la voit, miroir immense, refléter ses bords enflammés. Le vent soufflait légèrement de l’est. Les flammes irritées semblaient se dresser contre Versailles, et dire au vainqueur, rentrant à Paris, qu’il n’y retrouverait plus sa place et que ces vastes monuments monarchiques n’abriteraient plus de monarchie. Peuple ou roi, le souverain, quel qu’il soit, ne pardonne jamais aux symboles de l’ennemi. Ainsi, au XVIe siècle et en 89, la royauté et la bourgeoisie ne furent en repos que lorsque les nids de pierre de la féodalité eurent été détruits et ramenés au ras du sol.

La rue du Bac, la rue de Lille, lancent au