Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent les quais par le carrefour de Buci et la rue de Seine, et par la rue Saint-André des Arts, le boulevard Saint-Michel. Sur la droite, ils tenaient l’église Saint-Sulpice et la mairie du VIe. Les officiers s’installèrent aux bureaux du télégraphe et communiquèrent avec l’Hôtel de ville, en laissant croire que les fédérés occupaient toujours la position. Ayant demandé ce qu’il faudrait faire si les Versaillais s’avançaient, on leur répondit, suivant leur récit : « Faites sauter ! » Immédiatement, disent les journaux versaillais qui rapportent cette anecdote, on fusilla les délégués du VIe arrondissement, — sans doute pour les punir d’un ordre qu’ils n’avaient pas provoqué, qu’ils n’avaient pas reçu et qu’ils ne pouvaient mettre à exécution.

La marche des troupes était moins avancée sur les bords de la Seine. Tout le jour le canon gronda rue de Grenelle-Saint-Germain, rue Saint-Dominique et passage Sainte-Marie. Là des bataillons versaillais furent décimés, mais l’artillerie et les renforts leur arrivèrent par masses. Des croisées de ce quartier, naturellement hostile à la Commune, des balles venaient à chaque instant frapper les fédérés derrière les barricades. L’ennemi déclaré, de quelque façon qu’il lutte, face à face ou par ruse, est