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Ce fut le mardi que commencèrent les massacres réguliers de tous ceux que les dénonciations des voisins accusaient d’avoir servi ou seulement soutenu la Commune. Beaucoup de concierges, comme en juin 1848, se firent pourvoyeurs de massacre, dénonçant leurs locataires ou les habitants du quartier. Partout, au fur et à mesure de l’occupation, des cours martiales s’installèrent et prononcèrent des condamnations sommaires, immédiatement exécutées. Pour ne point ralentir le récit de l’action militaire, nous renvoyons les détails à un chapitre suivant.

Les Versaillais maintinrent le drapeau rouge sur les buttes, afin de laisser croire aux fédérés que Montmartre leur appartenait encore. Le drapeau tricolore ne fut arboré que deux jours plus tard, après la complète installation des batteries dirigées contre les buttes Chaumont et le Père-Lachaise.

Au moment où Montmartre succombait, la troupe s’emparait de l’église de la Trinité, défendue par cent fédérés, qu’il fallut déloger à coups de canon et refouler ensuite à l’arme blanche ; elle surprenait le nouvel Opéra, insuffisamment défendu. Cinq pièces établies sous le porche de l’église de la Trinité, commencèrent à battre la barricade de la chaussée d’Antin, qui