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munication publiée « il y a une quinzaine ». Comme si, cependant, cette falsification n’était pas suffisamment malveillante par elle-même, le directeur du Journal officiel, en présentant cette précieuse traduction au public français, est assez dépourvu de scrupules pour me représenter comme déclarant « qu’à l’heure où nous écrivons on assassine les femmes sur la place Vendôme, après les avoir déshonorées. »

Je suis l’onde à dire que cette falsification est « délibérée, » parce que le directeur du Journal officiel a refusé ma rectification. Je lui ai envoyé jeudi une traduction de ma seconde lettre, publiée dans votre journal du 20, en faisant appel à ses sentiments d’impartialité pour qu’il la publiât, et je protestai en même temps contre la traduction erronée qui avait paru de ma première lettre, faisant aussi ressortir que, bien que le mot « outragées » (disgraced) soit susceptible d’une interprétation odieuse, il n’implique pas nécessairement la signification qu’il y a donnée, et j’ajoutai que l’explication exacte de l’expression ne pouvait être obtenue que du correspondant du Times, qui est le premier responsable de son emploi.

J’expliquai aussi que la nouvelle que 150 prisonniers avaient été récemment fusillés, avait été publiée parmi les télégrammes de l’Agence Reuter, dans les journaux de Londres du 9 et du 10, en exprimant ma satisfaction de ce que cette nouvelle eût été démentie, et mon extrême regret d’avoir contribué, quoique involontairement, à répandre cette fausse nouvelle. Le Journal officiel n’a pas accordé la moindre attention à ma communication.

La calomnie, avec mon nom y attaché, a, par conséquent, encore la sanction officielle auprès du public parisien, et sous le règne, de terreur qui existe actuellement à Paris, il n’y a pas à espérer qu’aucun autre journal français ose la dévoiler ; en fait, le directeur d’un journal important, que je ne nommerai pas, m’a donné à entendre qu’il ne serait pas prudent de pu-