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raconta que lui et ses compagnons avaient été délivrés de Mazas pendant la lutte et sauvés par le juge d’instruction de la Commune Moiret[1]. On ne put cacher que, avant l’incendie de la Préfecture de police, on avait mis en liberté tous les détenus, au nombre de plus de cent, à l’exception d’un seul qui avait distribué beaucoup d’argent à la garde nationale et qui fut fusillé porteur encore de vingt mille francs.

Certaines ironies déposaient encore en faveur de la Commune. — « A un prévenu. — Que faisiez-vous ? — J’étais secrétaire du ministre de l’intérieur. — Que gagniez-vous ? — Deux cent cinquante francs par mois. — Pas cher ! » disait en matière de réflexion le journaliste versaillais, plein de mépris pour un fonctionnaire aussi médiocrement rétribué. Un autre se moquait fort de la Commune de Paris qui proscrivait le ballet dans une représentation donnée au profit des veuves et des orphelins[2].

Quelques voix courageuses protestèrent dans la presse de la province, mais sans pouvoir, comme on le pense bien, percer jusqu’à Paris. Le National du Loiret ne craignit pas de dire « que les faits

  1. Figaro.
  2. Gaulois.