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qu’on devait lancer sur Versailles, afin de mettre le feu à cette ville. Tout était calculé pour faire arriver ces engins à leur destination.

Si le tabac manquait, c’est que plusieurs chimistes faisaient l’analyse des tabacs de l’entrepôt empoisonnés par les bandits fédérés[1]. — N’avait-on pas arrêté beaucoup de femmes distribuant aux soldats de la ligne des cigares empoisonnés[2].

A l’humanité des soldats, la chronique opposa la férocité des Communeux. Dans la rue de Lille, une femme dont l’appartement flambait cherchait à se sauver et se tordant les mains demandait qu’on lui livrât passage. — « Ce n’est pas la peine, lui dirent les incendiaires en riant. Griller pour griller, autant griller ici. » Et ils la repoussèrent dans les flammes[3]. On racontait que le directeur du théâtre des Délassements-Comiques avait été forcé de mettre lui-même le feu au pétrole qui devait embraser son théâtre. Par quatre fois le malheureux directeur, menacé par les revolvers, s’était vu contraint d’allumer le liquide qui s’éteignait[4].

  1. Liberté.
  2. Petit Moniteur.
  3. Le Gaulois, Francisque Sarcey.
  4. Figaro.