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nouvelle, éclairer, entraîner la province par l’autorité de ses noms et forcer la main à Versailles, sans qu’il en coutât une goutte de sang. Le mouvement aurait sans aucun doute perdu de sa vigueur et de sa netteté, mais du moins la nation se serait mise en marche et certains droits fondamentaux eussent été conquis. Elle refusa. Les pontifes du jacobinisme ne cachèrent pas leur haine pour cette révolution faite par des prolétaires, trahissant ainsi leur véritable ambition qui est de gouverner le peuple, nullement de l’émanciper. Les bombes et la mitraille pleuvaient sur Paris : les premiers prisonniers parisiens défilaient couverts de crachats, meurtris de coups sous les fenêtres de l’Assemblée, et M. Louis Blanc, le premier élu de Paris, ne voyait qu’un coupable : Paris. Répondant à une délégation du Conseil municipal de Toulouse[1], qui lui demandait son opinion sur ces événements, il dit que « cette insurrection devait être condamnée par tout véritable Républicain. » Profanant la mémoire du plus généreux des républicains, M. Martin Bernard osa dire que « si

  1. Rapport de la délégation du Conseil municipal de Toulouse, publié par l’Avenir national.