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les vaincus s’acharna plus particulièrement sur lui, le frappa. En ce moment, un de ses collaborateurs de la Revue des Deux Mondes le reconnut et courut prévenir M, Thiers. Peu après M. Barthélemy Saint-Hilaire fut dépêché vers Élisée Reclus et lui fit comprendre qu’il lui suffisait, pour être libre, d’exprimer un regret, de dire qu’il avait cédé à un entraînement. Élisée Reclus refusa. On le pressa de nouveau : on le pria. — Il répondit qu’il avait obéi à sa conscience, qu’il agirait encore de même, et qu’il entendait partager le sort de ses camarades. Peu après, il partit avec eux pour Brest. Il a trouvé dans son cœur le moyen de les soutenir de mille manières, les encourageant, organisant dans le fort des cours, des conférences, partageant ses ressources et son espérance avec eux.

On devine quelles méprises eurent lieu dans ces razzias gigantesques. Un négociant appelé Vaillant, signalé comme étant le membre de la Commune de ce nom, fut conduit enchaîné au camp, malgré les protestations de sa famille et de ses voisins. En route, les soldats tirèrent sur les prisonniers et faillirent le tuer. A Satory, il était depuis vingt et une heures dans la boue et dans la pluie du camp, lorsqu’il put se faire reconnaître d’une personne qui accompagnait