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c’est-à-dire un ensemble solide de discipline, de science et d’entrain courageux. Certes, ni l’entrain ni le courage ne manquèrent aux fédérés, mais la discipline, des chefs, une administration. Instituée pour l’étude et le travail, antithèse de la centralisation et de la dictature, la Commune, si prompte à relever tous les services publics, était incapable d’improviser une organisation militaire. Ce fut même l’habileté de Versailles de l’entraîner sur les champs de bataille où sa défaite était assurée. Réduite pour se défendre à manier les mêmes armes que la monarchie, la Commune n’avait point les ressources de son savant despotisme. Cette révolution politique et sociale ne comportait pas et ne pouvait susciter de génie militaire. La prise d’armes du 18 mars avait été aussi spontanée que le 14 juillet 1789. À la nouvelle du coup d’État manqué, les bataillons républicains s’étaient trouvés descendus dans la rue poussés par le même instinct secret, sans autre but que de défendre la République, sans mot d’ordre, sans chefs, à tel point qu’ils errèrent au hasard une partie de la journée. Le Comité central, pris à l’improviste autant que le gouvernement, se réunit fort tard,[1] hésita des

  1. Rue Basfroid, au faubourg Saint-Antoine, très