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prisonniers des buttes Chaumont passait, allant à Versailles. Dans le nombre se trouvaient plusieurs femmes. On avait mis les menottes à quelques-unes. Celle-ci portait un bébé sur le dos ; une avait le bras en écharpe ; la chemisette d’une autre était teinte de sang ; toutes étaient épuisées. Elles faillirent être écharpées par les défenseurs de la famille ; et cependant, dit le correspondant versaillais qui rapporte ce fait, « elles conservaient un air de dignité et ne paraissaient nullement appartenir an genre de femmes que l’on met à Saint-Lazare. » Car les journaux ne manquaient pas de raconter que la plupart des prisonnières appartenaient à la prostitution.

« En voyant passer les convois des femmes insurgées, disait le Figaro, on se sent malgré soi pris d’une sorte de pitié... On croit devoir tenir compte de l’exaltation des femmes dont le père, le frère, le mari, ou l’amant a succombé dans la lutte.

» Qu’on se rassure en pensant que toutes les maisons de tolérance de la capitale ont été ouvertes par les gardes nationaux communeux, qui les protégeaient[1], et qu’il résulte des in-

  1. On sait que sous la Commune plusieurs admi-