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créer à Vanves, au-delà du fort, un cimetière spécial, séparé en deux parties, l’une pour les défenseurs de l’ordre, l’autre pour les fédérés. « Le délégué à la guerre, disait M. de Girardin, pourra, comme Napoléon, passer ses fidèles en revue à l’heure de minuit. Le mot d’ordre sera incendie et assassinat. » Mais on s’arrêta à l’idée de la crémation.

Il y avait de copieux amas de cadavres à tous les bastions. On se rappelle que, lors de l’entrée de l’armée à Paris, les fédérés qui occupaient ces postes avaient été surpris par derrière. Ils furent comme de juste fusillés, sur place. On imagina de bourrer de leur corps, les innombrables casemates construites tout le long des fortifications. Une quantité considérable de cadavres de la banlieue fut adjointe à ce premier rassemblement. On amena également un grand nombre de cadavres de l’intérieur de Paris. Quand une casemate était bondée, on la murait avec des pierres, des sacs pleins de terre, des gabions, et on passait à la suivante. Des sentinelles furent placées avec des consignes très-rigoureuses auprès de ces cimetières improvisés, qu’on voulait cacher aux populations ; mais l’odeur nauséabonde qui s’en exhalait, malgré toutes ces précautions hâtives, trahit