Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nombre se révéla par l’infection de l’atmosphère. Sans compter les victimes des cours martiales, il y avait peu de terrains vagues ou de maisons de construction dans Paris, qui ne continssent des cadavres jetés pêle-mêle les uns sur les autres. Au fur et à mesure des exécutions, on avait enterré sur place. Tout le long des quais, des morts étaient enfouis. Au square de la tour Saint-Jacques, plus de douze cents des fusillés de la caserne Lobau avaient été provisoirement enterrés. Aux buttes Chaumont, dans la pièce d’eau alimentée par la grande cascade, on avait noyé trois cents cadavres qu’on n’avait pas eu le temps d’enterrer. De même au parc Monceaux. Dans les jardins de l’École polytechnique, sur une étendue de cent mètres il y avait une rangée de cadavres de trois mètres de hauteur. Devant l’esplanade des Invalides, un grand nombre de corps n’avaient été que três-superficiellement recouverts de terre ; ils exhalaient une insupportable odeur. Dans le faubourg Saint-Antoine, on en trouvait « partout, en tas, comme les ordures, » disait un journal de l’ordre. Ainsi aux casemates, tout autour de Paris, aux bastions et dans les forts.

Il fallait se hâter de faire disparaître ces