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moitié appartenait à la population de Montmartre.

» Arrivé rue des Rosiers, l’état-major ayant son quartier général dans cette rue s’opposa à l’exécution.

» Il fallut donc, toujours suivi de cette foule augmentant à chaque pas, reprendre le chemin des buttes Montmartre. C’était de plus en plus funèbre, car, malgré tous les crimes que cet homme avait pu commettre, il marchait avec tant de fermeté, sachant le sort qui l’attendait depuis plus d’une heure, que l’on arrivait à souffrir d’une aussi longue agonie.

» Enfin, le voilà arrivé ; on l’adosse au mur, et pendant que l’officier faisait ranger ses hommes, se préparant à commander le feu, le fusil d’un soldat, qui était sans doute mal épaulé, partit, mais le coup rata ; — immédiatement les autres soldats firent feu, et Varlin n’existait plus.

» Aussitôt après, les soldats, craignant sans doute qu’il ne fût pas mort, se jetèrent sur lui pour l’achever à coups de crosse ; mais l’officier leur dit : « Vous voyez bien qu’il est mort ; laissez-le. »[1]

Ainsi la presse réactionnaire fut obligée, tout

  1. Le Tricolore, 1er juin.