Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coin cinquante-six prisonniers sur trois cents, qu’ils ont entre les mains, l’opinion publique proteste avec la Justice ; mais que sera-ce quand on instruira le procès de ceux qui, en plein soleil. méthodiquement, sans anxiété sur l’issue de la lutte, massacrèrent vingt-mille personnes — parmi lesquelles des femmes et des petits enfants — dont la moitié au moins n’avait pas combattu ?[1] Mais la grande, la vraie responsabilité de ces crimes revient aux officiers. Depuis le retour des troupes de captivité, l’année avait un excédant de plus de six mille officiers à replacer, suivant leurs droits et leur mérite. Ceux qui étaient parvenus à faire partie de l’armée de Paris ne reculèrent devant aucune preuve de zèle pour accroître leurs chances. Du reste, les troupes versaillaises étaient fort bien disciplinées. Aucun officier,aucun membre de la Commune n’aurait réussi, même en offrant sa vie on échange, à empêcher l’exécution des otages. Nul soldat, au contraire, n’aurait osé, n’aurait pu procéder à la moindre exécution sans l’ordre précis de ses supérieurs. Ainsi, certains régiments firent plus ou moins de prisonniers, se montrèrent plus ou moins barbares, selon l’humanité de leurs colonels.

  1. Voir la note 8. à l’appendice.