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tissement successif des coups isolés qui devaient achever les victimes.

» Je m’enfuis épouvanté. Autour de moi la foule m’a semblé impassible. Depuis deux mois elle était habituée aux scènes horribles. »

Au Luxembourg, à l’École polytechnique, à l’École militaire, au parc Monceau, à Belleville, à Montmartre, aux environs de Paris, à Montreuil, à Neuilly, à Bicêtre, etc., etc., partout enfin où les cours martiales furent établies, la tuerie continua et s’accomplit, de même jusqu’aux premiers jours de juin, en masse au nom de la société, en détail au profit de certaines vengeances particulières. Au champ des Navets d’Ivry, 800 prisonniers condamnés par la cour qui siégeait au fort de Bicêtre furent exécutés à coups de mitrailleuse. A Neuilly, la Commune avait fait arrêter, sur les instances de plusieurs habitants, un agent de police, nommé Marie, qui s’était rendu odieux par ses vexations. Délivré par les Versaillais, Marie fit fusiller tous ceux qui avaient demandé son arrestation. L’occasion d’ailleurs était bonne pour se défaire de tout adversaire politique, et les juges ne s’en cachèrent pas. Presque tous étaient bonapartistes, et assouvissaient leur haine contre leurs anciens ennemis les répu-