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jours. Défense avait été faite de les enlever. Au risque d’infecter les quartiers, M. Thiers avait voulu par ce spectacle frapper les esprits d’une salutaire terreur. Dans tous les ruisseaux, à tous les coins de rue, les fusils, les gibernes, les uniformes s’amoncelaient, jetés des fenêtres ou apportés par les habitants affolés. Sur les portes, des femmes assises, la tête dans les mains, immobiles, regardaient devant elles sans voir. Combien attendaient ainsi le retour d’un mari ou d’un enfant traduit en ce moment devant la cour martiale !

A la caserne Lobau, à l’École militaire, au Luxembourg, à la prison Saint-Lazare et sur vingt autres points, la fusillade était en permanence.

Nous avons dit que les cours martiales s’étaient installées dans tous les quartiers au fur et à mesure de leur occupation. Elles étaient présidées par un officier supérieur. L’histoire a conservé les procès-verbaux du tribunal fameux qui siégea à l’Abbaye en 92. On sait que le président Maillard interrogea chacun des prisonniers, tous d’ailleurs parfaitement connus. On sait qu’il y eut des sortes de plaidoyers, des explications assez longues à la suite desquelles plusieurs furent délivrés. Les défenseurs de