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faubourg et dans toutes les rues adjacentes, les maisons trouées, calcinées, s’écroulaient dans la chaussée. Certaines, dont il ne restait que des pans de mur, ressemblaient a des squelettes gigantesques gardant les cadavres étendus à leurs pieds. Il y en avait dans toutes les rues, dans tous les coins. On les tirait de tous les magasins, près des barricades, où quelques blessés avaient rampé, cherchant un coin obscur pour mourir. Rue Basfroid, ils encombraient la chaussée, couchés à côté les uns des autres, leur face blanche en l’air, raidis, regardant les passants de leurs yeux morts ouverts. Quelques-uns avaient les poches retournées. De temps en temps, les soldats contraignaient les habitants à jeter du chlore sur les cadavres. Leur nombre était si considérable que. dans certains quartiers, les rues semblaient couvertes de neige. Plusieurs étaient là depuis deux

    Thomas a jetée aux tirailleurs de Belleville. Mais il résulte de l’enquête-faite par les officiers des bataillons d’arrondissements voisins, que les tirailleurs ont bien tenu dans les tranchées, sous un feu très-vif, et qu’ils ne les ont abandonnées qu’après 40 heures, sur l’ordre de leur commandant et après l’arrivée de leurs remplaçants. Du reste, les conseils de guerre n’ont pu condamner que le major du bataillon.