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toute maison de laquelle on tirerait serait livrée à une exécution sommaire, c’est-à-dire au massacre. Paris fut gardé comme une citadelle. Dans toutes ses rues, sur toutes ses places, à tous ses carrefours, les soldats campèrent et les sentinelles veillèrent jour et nuit. Seuls, les officiers de l’année en uniforme purent circuler librement. Aucun laissez passer ne fut délivré aux civils. La garde nationale fut désarmée et dissoute. L’entrée de la ville fut difficile et la sortie impossible. Les maraîchers ne pouvant circuler librement, les vivres faillirent manquer.

Cet immense cirque ainsi fermé, l’armée, aidée de la police, rabattit le gibier devant les abattoirs. Quel autre nom donner à ces cours martiales qui dépêchèrent immédiatement, sans contrôle, des milliers d’êtres humains dont elles ne daignèrent même pas constater l’identité ? Nous prenons, du reste, l’engagement de ne rapporter que les faits dont nous avons été témoins ou ceux qui nous viennent de témoins oculaires, ou ceux qui ont été rapportés par les journaux de l’ordre, les seuls autorisés à Paris. Les cruautés des Versaillais nous étant racontées par leurs amis, nous sommes bien forcés d’y croire.