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à la Commune, passait devant le fort, quand il entendit un coup de feu. Peu après il rencontra le capitaine adjudant-major B…., du 99e, qui lui dit : « Merlet vient de se tuer. » Merlet, garde général du génie et de l’artillerie, ancien employé du génie à Metz, était un républicain sincère, capable, énergique et bien résolu à faire sauterie fort plutôt que de le rendre. — « Est-ce vous qui l’avez tué, dit le commandant ? — « Non, répondit B… venez le voir. » Et il conduisit son interlocuteur dans la chambre où Merlet gisait à terre. La balle était entrée par la joue et ressortie par la tempe. B… avoua seulement avoir dispersé les éléments de la pile électrique au moyen de laquelle Merlet se disposait a faire sauter le fort.

Un colonel d’état-major versaillais était venu la veille proposer la capitulation, mais on n’avait pu s’entendre. Cependant, le lendemain lundi le général Vinoy n’envoya pour s’emparer du fort que deux cents lignards, dont, par parenthèse, l’attitude n’était pas trop rassurée. Leur commandant déclarait tout haut que c’était folie de vouloir aborder avec cette poignée d’hommes une pareille position.

Mais toute résistance était impossible ou du moins limitée à un très-court délai. L’opinion