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cun se rendrait aux barricades et agirait en vertu de son initiative personnelle.

Dans l’après-midi, on apprit à Belleville la prise des barricades de la rue de Charonne. La fusillade se rapprochait. Un nombre considérable de personnes s’étaient réfugiées à la porte de Romainville. Parmi elles beaucoup de femmes et d’enfants, chassés de leurs maisons par les obus, demandaient à grands cris qu’on leur laissât gagner la campagne. Vers une heure, deux hommes apparurent en dehors des fortifications, agitant un drapeau blanc. C’étaient des francs-maçons qui, revêtus de leurs insignes, avaient pris sur eux d’aller demander aux autorités prussiennes quel accueil on ferait aux fugitifs. Dès que le pont-levis fut abaissé, femmes et enfants se précipitèrent au dehors. Les gardes nationaux des environs crurent à une panique : le bruit courut que les Versaillais arrivaient par la rue de Paris et les remparts, cernant ainsi toutes les positions. Deux cents hommes environ se ruèrent sur le pont-levis et, en jetant leurs armes, blessèrent à la figure, un certain nombre de femmes : plusieurs d’entre elles furent même précipitées dans les fossés. La colonne qui avait ainsi jailli de l’enceinte s’éparpilla dans les premières maisons du vil-