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corps. Mais sa mémoire restera, ensevelie dans le cœur du peuple, tant que la France sera la terre sainte de la Révolution. Il ne respira que pour la Justice. Ce fut son talent, sa science, l’étoile polaire de sa vie. Il l’appela, il la confessa trente ans à travers l’exil, les prisons, tête haute, inflexible, dédaigneux des persécutions qui brisaient ses os. A la dernière heure, il lui sacrifia jusqu’à ses vieilles idées jacobines. Ce fut sa récompense de mourir pour elle les mains libres, au soleil, à son heure, sans être affligé par la vue du bourreau.

Que l’on compare la mort héroïque du ministre de la guerre de la Commune à la lâcheté des généraux français, fuyards, ou capitulant devant les Prussiens !

Les Versaillais s’acharnèrent toute la soirée sur la barricade du boulevard Voltaire et l’auraient certainement emportée, si l’incendie qui dévorait les deux maisons d’angle ne les eût arrêtés pendant toute la nuit.

Tout le jour, la bataille avait continué, acharnée à la Bastille, de front dans la direc-

    gauche actuelle : puis une réaction s’ensuivra, et une restauration monarchique quelconque. Moi, je mourrai sur une barricade pendant que M. Jules Simon sera ministre. »