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qui sont montés, et on l’a arrêté au deuxième étage.

» Raoul Rigault s’est présenté en disant : « Me voilà ! C’est moi ! » en se frappant la poitrine ; et il a remis au caporal son épée et son revolver. »

Les soldats l’entraînèrent. On l’amena au Luxembourg, où la cour martiale s’installait. A la hauteur de la rue Royer-Colard, l’escorte rencontra un colonel d’état-major, qui s’informa du nom du prisonnier. Rigault pouvait prolonger sa vie en se nommant. La prise d’un tel personnage était trop importante pour que les Versaillais l’eussent mis immédiatement à mort. Mais il dédaigna de demander un répit qu’il n’aurait pas accordé lui-même, et il répondit d’une voix éclatante : « Vive la Commune ! A bas les assassins ! » Aussitôt il fut acculé contre le mur et passé par les armes.

Son corps, revêtu d’un pantalon noir, d’une tunique d’officier ouverte et laissant voir un gilet noir, resta pendant vingt-quatre heures abandonné à l’entrée de la rue Royer-Colard, gisant dans une mare de boue et de sang. « La tête, encadrée par les cheveux et la barbe que le sang avait collés, était affreuse à voir. Tout le côté gauche de la figure, écrasé, ne formait qu’une