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Beaufort, fut reconnu par des gardes d’un bataillon qu’il avait gravement insultés quelques jours auparavant au ministère de la guerre. On l’arrêta aussitôt. Le bataillon s’assembla, réunit ses officiers et les obligea à constituer un conseil de guerre qui s’établit dans une boutique du boulevard. Beaufort fut amené, jugé et condamné à mort. Delescluze, prévenu, accourut, parvint à pénétrer à grand peine, essaya de s’interposer, dit que Beaufort serait jugé par la Commune. Son collègue, le brave Mortier, le premier élu et le plus populaire de cet arrondissement, joignit vainement ses efforts à ceux de Delescluze. Le bataillon grondait, menaçant d’engager la lutte si on voulait lui soustraire le prisonnier. Il fallut céder pour éviter une mêlée affreuse. A midi, le malheureux Beaufort fut conduit dans le terrain vague situé derrière la mairie et il fut passé par les armes. — Ce fut le signal d’exécutions sans nombre. La défiance et l’irritation croissaient en raison du danger.

A midi, les membres présents de la Commune se réunirent. Il n’y eut plus de séances à proprement parler, mais une sorte de permanence où l’on se rencontra selon les nécessités du moment. Dans l’après-midi, le délégué