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lant, des sourdes détonations et des explosions éclatantes, se mêlait la voix brutale des canons de la grande barricade du square Saint-Jacques qui balayait la rue de Rivoli.

La Commune, la Guerre et tous les services qui s’y rattachaient s’étaient repliés vers huit heures du matin sur la mairie du XIe arrondissement. On avait agité la question de se retirer sur Belleville, et de s’y fortifier. Mais c’eût été abandonner moralement le Château-d’Eau et la Bastille, et l’on préféra avec raison s’établir au point central de la résistance. Dès son arrivée à la mairie, la délégation de la Guerre se hâta d’installer au Père-Lachaise deux batteries servies par des marins et d’anciens artilleurs de la légion Schœlcher.

Bientôt, dominant l’incendie et la fusillade, on entendit ces redoutables pièces qui bombardaient les positions occupées par les Versaillais. Les obus tombaient dans l’espace compris entre la rue de la Monnaie et le faubourg Saint-Martin, mais sans faire grand mal aux troupes abritées sous les portes cochères.

Un incident, qui se passa vers dix heures à la place Voltaire, montra à quel degré de surexcitation nerveuse les esprits étaient montés. Un jeune officier de l’état-major, le comte de