Page:Lissagaray - La Vision de Versailles.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

outrance : les travailleurs, et vous les égorgez. Il n’y a qu’une classe qui ait compris qu’il fallait asseoir la nation sur des bases nouvelles de droit et de justice : les travailleurs, et vous les égorgez. Pour refaire la France, il ne reste que la bourgeoisie qui l’a livrée, ruinée, souillée, il ne reste que vous, les bourgeois de Thermidor, de l’entrée des Alliés, des journées de Juin, de l’avenue Marbœuf !

« Nul parmi vous ne s’est levé pour crier : c’est le sang le plus chaud de la France qui coule. Pendant que Paris travaillait, combattait, mourait, tirait le canon contre toutes les tyrannies, vous, gauche austère, vous calomniez Paris devant les députations provinciales, vous adjuriez les départements de laisser écraser Paris luttant pour eux. Au jour des massacres, vous votiez des remerciements à l’armée. Depuis, vous n’avez pas trouvé un geste pour arrêter les exécutions, pour forcer l’amnistie, un moment pour visiter les prisonniers.

« Vous ne savez donc pas que sans ses morts et ses proscrits, votre Moloch républicain eût été balayé dès la première heure ? Vous ne savez donc pas que sans la lutte acharnée de Paris, la France depuis dix-huit mois serait en monarchie. Oui, c’est l’ombre de la Commune qui protége aujourd’hui la France contre Bonaparte et Chambord.