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GASTON CRÉMIEUX : — « Vous m’avez fusillé pour avoir tenté dans la province le combat de Paris. Oui, ce fut notre crime de vouloir réveiller jusqu’au dernier hameau. — Ces campagnes que vous gouvernez depuis quatre-vingts ans, nous les avions vues pendant la guerre, rebelles aux appels généreux des grandes villes, inertes, ensevelies dans leur égoïsme, invoquant leurs foyers pour renier leur patrie. Nous avions vu vos administrateurs, vos magistrats, vos prêtres encourager les défaillances, semer les lâches terreurs et les capitulations. Et nous ne voulions plus de ces hontes. Et nous avions juré guerre à votre régime, de rendre à la province son âme, de créer à la France épuisée des millions de vies et d’intelligences nouvelles.

Vous nous avez vaincus, replacés sous le joug de vos préfets et de vos jésuites. Vous avez refait la France plébiscitaire. Les plébiscites de César vous écraseront. »

VOIX DES FUSILLÉS DANS LES TRIBUNES : — « Nous voulions que la campagne devînt un foyer de vie, nous voulions supprimer les tyrans de village, donner au paysan la terre, comme l’outil à l’ouvrier. Province, souviens-toi des fusillés de Mai ! »

GENTON : — « Vous m’avez tué pour venger les prê-