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que les commandes cessent, les faillites s’accumulent, les ateliers se ferment, et, n’étaient vos soldats, vous plieriez sous les grèves ; voilà pour le travail ! — Nul n’est certain de ne pas se réveiller prisonnier d’un coup d’État, Ladmirault, le bonapartiste, commande à Paris, l’orléaniste Ducrot, à Bourges, Chanzy le thiériste, à Tours. Votre armée parquée dans les camps, instruite à mépriser les citoyens, n’est plus qu’une armée prétorienne. Voilà pour la sécurité.

« Vos emprunts ont dépassé les saturnales financières de la Régence ; votre traité de commerce a imposé la nation tout entière au profit d’un petit nombre d’industriels privilégiés. Est-ce la prospérité promise ?

« La Prusse vous applaudit. Elle fait de votre règne une condition de paix ! Elle sait que vous êtes nécessaires à la dégradation du pays. Elle sait que tant que vous serez les maîtres, il y aura éclipse de France dans le monde.

« Vous avez massacré trente mille hommes, proscrit, banni ; emprisonné, déporté vingt mille autres. L’échafaud politique relevé, la France abaissée aux pieds de Bismark, enchaînée au dedans, la proie certaine du premier général audacieux qui voudra la prendre, voilà votre œuvre ! C’est assez. Rendez-nous compte de notre sang. »