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Les royalistes, en grand nombre s’étaient glissés dans la Constituante, guettant l’occasion de faire trébucher la République. Beaucoup de républicains s’imaginaient qu’on était en république parce qu’il n’y avait plus de roi, ignorant qu’un gouvernement n’est républicain qu’en raison de l’exactitude avec laquelle il s’incorpore la volonté du peuple et la met à exécution. Dès les premiers jours, des pétitionnaires tumultueux avaient envahi l’Assemblée. On persuada facilement à la majorité alarmée, qu’elle dominerait l’agitation par la rigueur. L’admission dans les ateliers nationaux avait été restreinte, et vers le milieu de juin on parla de les supprimer entièrement. Au milieu de l’effervescence suscitée par une telle menace, tout à coup, sur le rapport d’un légitimiste, M. de Falloux, l’Assemblée ordonna le licenciement. Quel présage pour cette masse qui, suivant une parole sublime, avait mis « trois mois de misère au service de la République ! » Cent mille prolétaires crièrent à la trahison et coururent aux armes, les 23, 24 et 25 juin.

Quelle date ! Quelle rage des deux côtés ! Tout le Paris prolétaire s’était renfermé derrière ses