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leurs terres et le gouvernement exclusif du pays. Et ce pays lui-même était vide de sang et d’argent. Le fils aîné manquait dans toutes les familles du peuple. Les ronces couvraient les terres comme à l’ancien temps. Enfin des bandes d’assassins, recommençant les exploits de Thermidor, massacraient les vieux serviteurs encore debout de la Révolution.

Qui donc avait déchaîné ces fléaux sur la France ?

Lui, lui seul, Napoléon Bonaparte. La lâcheté des uns, la rapace ambition des autres, lui avaient livré une génération qui n’était plus celle du 10 août. Pendant quinze années il put la chevaucher, la meurtrir à sa guise, semer ses os sur tous les champs de bataille, depuis l’Espagne torride jusqu’aux déserts glacés de la Russie. Elle s’abandonna à lui jusqu’à devenir traître au passé, traître à la patrie, car au jour de la chute de cet homme, elle osa répondre à la France qui l’implorait, ce blasphème inexpiable : « Il n’y a plus d’Empereur ; pour qui et pour quoi voulez-vous que nous nous battions ? » Ce fut elle qui laissa envahir une seconde fois la patrie sans brûler une cartouche, et qui, son armée ré-