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maintenant donner du pied à l’Assemblée de la nation elle-même ! À cette stupeur de la conscience publique, Bonaparte comprit que la tempête seule pouvait couvrir le bruit de son crime, et il lança la nation dans une guerre sans fin.

Le vertige des batailles enveloppa ses attentats. Lui seul put parler, lui seul put écrire, lui seul put décider de la paix et de la guerre, lui seul présenta des projets de loi que les prétendus représentants de la nation n’eurent même pas le droit d’amender, lui seul institua le pouvoir chargé de contrôler ses actes, lui seul nomma le personnel administratif, judiciaire, diplomatique et lui seul le jugea. Tout fut dans sa main, magistrature lâche et rampante, assemblées locales dépouillées de leurs attributions souveraines, fonctionnaires serviles, et tout ce monde l’acclama, quand il le voulut, empereur. Il rétablit les droits réunis abolis par la Révolution, l’aristocratie féodale, la noblesse, le clergé, releva les bastilles, les peuplant de tous ceux qui lui portaient ombrage.

Ici, Jacques Bonhomme, recommence la nuit de ton histoire. Pendant quinze années, te voilà devenu l’instrument, le complice d’un homme