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car les armées de la République manquant de souliers, vont les pieds nus entortillés de paille. Quelque motion terrible vient d’ébranler la tribune. Custine a perdu Mayence, laissé tomber Valenciennes, méprisé les décrets, Lyon est en pleine révolte, Toulon s’est livré aux Anglais, et la Convention a rendu un décret farouche qui livre Custine à sa justice, ordonne que Lyon et Toulon seront rasés du territoire. — La tempête gronde encore quand un membre de quelque commission monte à la tribune. Il vient lire un rapport sur les écoles de la République ou bien il s’agit de la discussion de quelque article du Code civil. — Aux premiers mots l’ouragan s’apaise, le silence se fait. Et ces mêmes hommes, dominés il y a une heure à peine par toutes les fureurs de la vengeance patriotique, écoutent réfléchis, discutent, jugent, décident, émettent les avis les plus lumineux, les plus profonds sur les questions les plus diverses que jamais assemblée ait entendus. Ah ! Jacques Bonhomme, les aristocrates qu’elle a écrasés ne te montrent la Révolution qu’à travers les proscriptions et les échafauds. Mais que dois-tu donc à leur royauté qui, pendant des siècles, a suspendu