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était le maître, placer le sceptre dans sa main et l’appeler de ce nom si étrangement sublime : Notre Seigneur le peuple. Souviens-toi que ce peuple dont ils voulurent faire un souverain était faible, nu, ignorant, qu’il fallut l’asseoir violemment sur le trône ; souviens-toi qu’ils luttèrent, combattirent, moururent pour toi sans s’inquiéter des calomnies et des mensonges, de savoir si par toi leur mémoire serait acclamée ou maudite, mais certains, suivant une parole héroïque, que tu « moissonnerais sur leurs tombeaux ; » souviens-toi que sans leur énergie fiévreuse qui préservait ton foyer, toutes tes victoires de la frontière auraient été inutiles ; souviens-toi que tel fut leur respect de la souveraineté populaire qu’au jour de sa chute, au moment où les réactions triomphantes l’envoyaient à l’échafaud, Robespierre, appuyé sur la Commune, refusa de se sauver par un appel aux armes contre cette Convention qui le proscrivait ; souviens-toi que leur chute a été le signal de ta chute et que ton oppression a recommencé à leur mort ; que ton cœur, Jacques Bonhomme, se souvienne aussi de leur devise née de leur cœur, réalisée par leur génie :