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trie qu’ils faisaient libre, ces Jacques tombaient joyeux, ayant pris pour eux la plus douce part de la lutte. Leur mort était bénie, leur souvenir glorifié et tranquille. — Mais à ceux qui sauvaient le gain de ces victoires, dénonçant les traîtres, traquant les complots plus dangereux que les coalitions, épuisant leurs veilles, leur science, combattant d’une main, édifiant de l’autre, payant leurs erreurs de leur vie, l’ingrate mémoire des hommes n’a pas encore donné le repos, et la réaction hideuse désigne leur tombe à tes fureurs.

Ah ! ne les maudis pas, Jacques Bonhomme, ceux-là qui ont si profondément enfoncé le soc qu’il n’est pas un pouce de terre française qui n’ait été renouvelé. Descends bien au fond de toi-même avant d’accuser leur erreur. Ils pouvaient, sache-le bien, fonder un gouvernement de bourgeois aristocrates, et s’ensevelir ensuite dans la domination et les richesses, mais ils ont préféré aller chercher et ramener à la lumière ces couches humaines ensevelies depuis des siècles dans les sombres entrailles du pays, dire au plus humble Jacques qu’il avait une âme, un droit, qu’il était son maître, que, réuni à ses frères, il