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« Que la féodalité soit abolie, disent les vilains de Rennes ;

« Que les bastilles soient démolies, disent les manants de Montfort-l’Amaury. »

Et ce fut ton grand-père, Jacques, qui s’écria :

« Si nous sommes des hommes, les lois doivent nous protéger comme eux. »

Et un jour, c’était le 5 mai 1789, retiens cette date, Jacques Bonhomme, le roi vit arriver dans son brillant Versailles, six cent dix hommes, vêtus de noir, la démarche et le regard assurés, à qui ton grand-père avait dit : « Vous n’êtes pas Jacques Bonhomme, mais défendez-le, et il vous soutiendra. » On remarquait dans cette foule un comte qui s’était fait nommer par le peuple ; il s’appelait Mirabeau. Non loin de lui, un avocat, petit, maigre, silencieux, l’oeil baissé vers la terre, semblait réfléchir. Les gens d’Arras l’avaient choisi à cause de son honnêteté et de son zèle à défendre le peuple ; c’était Robespierre. Plus loin, sous l’habit d’un prêtre, M. Sieyès, qui, la veille, avait écrit : «  Qu’est-ce que le tiers-état ? — Rien. — Que doit-il être ? — Tout. » Il y avait encore Rabaut Saint-Etienne, le petit-fils d’un protestant des Cévennes que