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la terre. Nul ne pouvait exercer un état s’il n’appartenait à une corporation ; nulle corporation n’existait que par autorisation royale. Pour faire partie d’une corporation il fallait être maître, et pour être maître il fallait avoir été apprenti pendant cinq ans et compagnon pendant cinq autres années, payer ses lettres de maîtrise au roi, au juge de police, au greffier, à l’hôpital général, se ruiner en frais de sceau, de cadeaux, de banquets, et, avant tout, avoir produit et fait accepter le chef-d’œuvre qui absorbait inutilement une année au moins.

Trop heureux encore Jacques Bonhomme s’il parvenait à s’occuper d’une façon quelconque. Comme l’armée, le travail avait ses cadres déterminés par la volonté royale et le maître ne pouvait prendre qu’un certain nombre d’apprentis. Admis dans l’atelier, quelle chance avait de parvenir à la maîtrise le pauvre diable sans protection, quand le fils du maître, le jeune bourgeois, sans examens, sans épreuves, sans les frais écrasants des droits de réception, devenait maître d’autorité ?

Était-ce tout ? Non. — Pour travailler à ton compte ou devenir maître, ne fallait-il pas prou-