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gnent ni le froid, ni la grêle, ni le chaud, comme ton champ, ne paient rien. »

Si c’est vrai, il faut bien le dire, ce n’est pas juste. Que pensez-vous là-dessus ? Racontez-moi, je vous prie, ce que c’est que la Constitution, comme l’appelle le charpentier qui ordonne tout cela, et la chambre, et le sénat, et les grands seigneurs de la cour. Et, s’il est impossible que je puisse travailler et vivre sans toutes ces choses, ne pourrait-on m’en rabattre un beau brin ?

Le charpentier m’a dit aussi, qu’autrefois, il y a longtemps, près de quatre-vingts ans, nous étions bien plus heureux, et, qu’en 1851, ceux qu’on appelle les rouges voulaient que les pauvres gens gagnassent davantage et qu’on ne leur prît rien sur leur travail ; que loin de voler, ils fusillèrent les voleurs, mais que des malins étaient parvenus à les chasser en les faisant passer pour des brigands aux yeux des imbéciles ; que depuis, ces honnêtes gens dansent des rigodons avec nos écus.

Si vous savez cette histoire, racontez-moi comment ça s’est passé ?

Il m’a dit encore qu’il y a dans les villes des ouvriers bien plus malheureux que moi, car ils