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absorbe plus de cinq cent millions, où le président de quarante millions d’hommes libres ne reçoit que cent dix mille francs par an. Mais ici, ah ! il s’agit bien de t’instruire, de te rendre fort, indépendant. On aveuglait autrefois les esclaves pour accroître le rendement de leur travail. Que ne peut-on, aujourd’hui, obscurcir encore tes ténèbres ? Seule, la Convention, vidant les tabernacles, avait voulu faire de l’école le sanctuaire de la commune ; elle décréta l’instruction une dette sociale, et la rendit obligatoire pour les garçons et pour les filles. Tes défenseurs périrent ; nul n’aura désormais pour toi leur tendresse humaine. Il n’y a plus jusqu’en 1833, de budget sérieux, pour l’instruction publique. Où nous en sommes aujourd’hui, tu le sauras d’un mol : chaque année, en France, plus de Neuf cent mille enfants ne reçoivent aucune instruction.

Sans éducation, sans instruction, c’est-à-dire sans outil, tu luttes encore avec tes ongles, toi, Jacques Bonhomme. Mais la femme, trop faible si souvent pour utiliser ses bras, qui armera sa main délicate ? À la campagne, sait-elle seulement enfiler une aiguille ? À la ville, sans appren-