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lule, sans air, sans jour, privé de toute communication, le prisonnier est abandonné aux terreurs, aux angoisses physiques et morales de l’isolement. Mme Doise est accusée d’avoir assassiné son père, elle proteste indignée. On la met au secret, enceinte. Le matin, le gardien enlevait sa paillasse ; le parquet, les murs suintaient une humidité glaciale. Quelques semaines passées dans ce tombeau épuisent les forces et l’énergie de la malheureuse ; la fièvre peuple son cachot de fantômes, la folie venant, Mme Doise céde. Elle avoue son crime, demande en grâce l’échafaud. À la cour d’assises, elle renouvelle ses aveux : oui, elle a tué son père ; elle précise, accumule les détails avec une sorte de rage. À une voix de majorité seulement le jury accorde des circonstances atténuantes ; elle est condamnée aux travaux forcés a perpétuité.

Deux mois après le véritable assassin est arrêté, fait des aveux complets. On revise le procès, l’innocence de Mme Doise apparaît éclatante. On lui demande/par quelle folie elle a pu s’accuser d’un crime qu’elle n’avait pas commis : « Pour sortir du secret, » répondit-elle.