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sept juges, selon que ton affaire est en instance ou en appel. Ces messieurs décident sur tout : droit, beaux-arts, commerce, philosophie, sciences, etc., etc. Les plus puissants génies frémiraient à l’idée de prononcer sur des intérêts aussi divers, mais ces braves gens les expédient sans sourciller, jugeant le fait, jugeant le droit, les trois quarts du temps sans chercher à rien y comprendre.

En matière correctionnelle ou criminelle, le procureur impérial t’arrête quand il lui plaît, te passe au juge d’instruction, lequel, moyennant une petite formalité, peut te retenir à sa fantaisie six mois, un an s’il le veut, sans se donner la peine de t’interroger. Traduit devant le juge d’instruction, tous les moyens lui sont bons pour t’arracher un aveu. Sur-le-champ, sans prévoir l’importance de sa réponse, l’inculpé doit satisfaire aux questions de son inquisiteur. Beaucoup sont ignorants, comprennent mal, se troublent. Le juge dicte pour eux leur déposition, et que ne leur fait-il pas dire ? Si la persuasion, l’intimidation, la menace échouent, en avant la torture. Oui, la torture, Jacques Bonhomme, le secret est-il autre chose ? Enfermé dans une cel-