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ser son veto à toutes leurs délibérations, qui nomme, lui seul, les deux cent mille fonctionnaires de France, depuis le garde champêtre jusqu’au maréchal, depuis le rat-de-cave jusqu’au ministre, depuis le plus humble juge de paix jusqu’au conseiller de la cour suprême, qui peut d’un simple froncement de sourcil, destituer tout ce monde, et qui, outre ces deux cent mille intérêts liés à son sort comme le lierre au chêne, dispose de quatre cent mille soldats, obligés, sous peine de mort, de tirer indistinctement sur tous ses ennemis. Cet homme, c’est l’Empereur Napoléon III. Ces pouvoirs, il les tient de la Constitution de 1852, votée par la France en deuil des massacres, terrifiée par les transportations.

Cette constitution déclare Napoléon III maître de la paix et de la guerre. Par elle il nomme à tous les emplois, rend la justice, peut mettre toute la France en état de siége, reçoit pour sa part 25 millions par an, a la jouissance de tous les châteaux, meubles et diamants dits de la Couronne, c’est-à-dire de la Nation. Tout porte son nom : l’armée, la magistrature, la flotte, l’administration, sont impériales. La dette seule est nationale !