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APPENDICE

À monsieur le comte Daru, président de la commission d’enquête sur l’insurrection du 18 mars, à Versailles.

« Monsieur le président,

« Je viens de lire dans un livre qui a pour titre : Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars ; déposition des témoins, la déposition suivante du capitaine d’état-major Garcin :

« Tous ceux qui étaient arrêtés les armes à la main étaient fusillés dans le premier moment, c’est-à-dire pendant le combat. Mais quand nous avons été les maîtres de la rive gauche, il n’y a plus eu d’exécution. »

« Dans le rapport du maréchal de Mac-Mahon sur les opérations de l’armée de Versailles contre Paris insurgé, je trouve la déclaration suivante :

« Dans la soirée du 25 mai, toute la rive gauche était en notre pouvoir, ainsi que les ponts de la Seine. »

« Le témoignage du capitaine Garcin est malheureusement contraire à la vérité. Quatre jours après le 25 mai, mon fils et quatorze autres malheureuses victimes ont été tués à la caserne Dupleix, situés sur la rive gauche, prés l’École militaire.

« Le 31 août, j’ai adressé, à ce sujet, au ministre de la Justice, une plainte dont je joins ici une copie conforme, dans laquelle, après avoir relaté les faits qui avaient rapport à mon fils, je demandais que la justice recherche et punisse les coupables.

« La justice est restée, jusqu’à présent, sourde à mes réclamations, malgré la publicité que j’ai donnée à cette plainte pour établir la disparition de mon enfant.

« S’il était vrai, ainsi que le déclare le capitaine Garcin, que des ordres eussent été donnés par le général commandant en chef les troupes de la rive gauche pour faire cesser les exécutions à partir du 25 mai au soir, s’il était encore vrai que le maréchal de Mac-Mahon eût, par une dépêche du 28 mai, donné l’ordre de suspendre toute exécution, ainsi que M. le colonel, président le conseil de guerre lors du procès des membres de la Commune l’a déclaré, l’officier de gendarmerie, le nommé Roncol, l’ordonnateur des massacres de la caserne Dupleix et ses complices, auraient été poursuivis pour avoir, au mépris des ordres des chefs de l’armée, fait tuer des malheureux qui n’avaient pris aucune part au combat.

« Ainsi, chose affreuse, le 29 mai dans la matinée,